De Guzzi à Triumph

Tout ceci est "en prévision de …", si l'expérience me fait décider d'avoir plus haut. En plus de ta solution, il y en a deux autres: l'ajout d'un déflecteur Puig, sans perçage ou faire fabriquer un pare-brise entier par Ermax avec les perçages pour les attaches d'origine.

Gunthar a écrit:

Franchement, s'il y a un endroit sur terre ou je croyais qu'on pouvait se passer toute l'année d'un pare brise, c'est sur une ile grecque.

Certains aiment sentir la pression du vent lorsqu’ils roulent à moto, moi pas ou du moins, pas trop. Sur les petites routes de montagne, je pourrais à la rigueur me passer d’un pare-brise, mais dès que je suis sur le plat et que la vitesse augmente, je ne saurais pas m’en passer. L’habitude des Calif sans doute.

Voici deux anecdotes qui illustrent les raisons. À côté de mes Guzzi « de base », j’ai eu quelques motos, le temps d’un soupir, dont celles-ci :

En Belgique, je connaissais un jeune gars qui importait des Guzzi d’Italie, les rafistolait et les vendait. Pour la petite histoire, lorsque je l’ai rencontré la première fois, il vivait avec sa femme, ses gosses et 5 Bouviers belges dans une caravane résidentielle sur un terrain boueux, mais flanqué d’une grande bâtisse délabrée où il remisait les motos. Des années plus tard, il vivait sur le même terrain, mais dans une bicoque que nous Belges qualifions de « à la flamande », c’est-à-dire, très chic et très cher. Passons.

J’ai emmené bon nombre de copains acheter une Guzzi chez lui. Un jour, j’y vois une V7 Sport rouge comme si elle était sortie de sa boîte. Je lui demande le prix ; trois jours plus tard je partais avec elle. Quelle moto ! Les jours suivants, je l’emmène au travail, en week-end et doit constater que ce n’est pas le genre de moto qui me convient : penché en avant sur les bracelets, sans protection. Je lui téléphone pour lui demander s’il veut la reprendre. « J’ai mieux, me dit-il, je t’envoie quelqu’un qui a failli m’étrangler lorsque je lui ai dit que j’en avais eu une, mais qu’elle était déjà partie. Il va te la prendre. » Le même jour, elle était vendue le prix d’achat plus le prix de l’immatriculation.

Des années plus tard, j’ai une heure à perdre entre l’heure du midi et je rentre chez un concessionnaire BMW que je connaissais bien. Il m’appelait « Monsieur Guzzi » parce qu’il n’avait jamais réussi à me vendre une BM. (Je lui ai tout de même acheté une R80RT bordeaux d'occasion par après, soi-disant pour ma femme. Elle était parfaite, mais elle n'a pas fait long feu non plus.) Je flâne dans son garage et j’y vois une R100GS Paris-Dakar noire et verte, clinquante, toutes options pour un prix très raisonnable. Elle est là en exposition pour le compte du propriétaire-vendeur. Le patron me donne son nom ; je le contacte ; rendez-vous est pris le samedi pour l’achat. Le samedi, ma femme m’y conduit ; je paye et je m’en vais. Je promets au propriétaire d’en prendre le plus grand soin. Je tais les formalités administratives que j’avais arrangées dans la semaine. La semaine d’après, je l’emmène au grand dam de ma Calif qui me faisait la tête. Quelle douceur cette moto ! Mais à du 120, je devais m’accrocher au guidon comme un trapéziste à son bâton ; le soir, j’avais la nuque brisée. Non, cette moto n’était pas faite pour moi. Je téléphone à l’ex proprio lui disant que je vais la revendre et lui explique pourquoi. Et il me dit : « Quelle coïncidence, mon ami Machin est venu me voir hier et il était fort fâché que j’eusse osé la vendre sans lui en parler, alors que j’aurais dû savoir qu’il l’aurait achetée. Je lui donne vos coordonnées. » Trois jours plus tard Machin partait avec pour le prix de l’achat et l’immatriculation. Il n’a pas discuté.

C’est ce que je voulais dire par « le temps d’un soupir ». C’est ce que j’insinuais : pas de pare-brise = nuque brisée, en Belgique, en Crète et à Tombouctou…

Comme disait Tiz quelque part : « Je voudrais vous donner mes premières impressions … » après une semaine et 600km environ de routes de montagne. Il pleut à verse, alors j’ai le temps.

Rouler avec cette moto, une vraie moto, pas une guêpe comme la petite G310GS, est un régal ! Quite à ressasser les mêmes comparaisons, je retrouve les sensations de ma Calif : lourdaude à l’arrêt, agile dès les premiers mètres. Un peu retors pour s’engager dans les tournants, mais elle a compris que c’était moi le patron et que si je lui donnais un filet de gaz, elle devait passer les épingles-à-cheveux sans rechigner. Inutile de vous préciser son couple, son allonge, sa puissance ; vous connaissez tout cela.

Pour le moment, je roule toujours en mode rain, sauf l’autre jour où, en sortant du Lidl, je l’ai oublié. Sur la route, j’ai dépassé 3 voitures qui se trainaient derrière un camion, puis j’ai entamé le dépassement dudit camion. C’est là que j’ai vu au loin une voiture qui débouchait d’une route à ma gauche. J’avais le temps pour me rabattre devant le camion, mais j’ai voulu jouer la sécurité et ai accéléré. Le guidon a failli m’échapper des mains ! Mazette ! Quelle puissance !

Sauf à de rarissimes moments, les à-coups au ralenti, à faible vitesse, ont disparu. Probablement que j’ai appris ce qu’elle attendait de moi : une poigne douce. Ce n’est qu’à la reprise des gaz que je les sens encore. Dire que je suis tellement heureux d’avoir une poignée de gaz et un levier d’embrayage souples, mais la poignée est vraiment trop souple. Je m’y ferai.

Je lui ai appris un autre truc à la Guzzi : arrivé à un croissement ou devant un panneau STOP, elle accepte de rester à l’arrêt, immobile pendant une seconde ou deux, sans que je doive mettre un pied à terre. J’adore ! Surtout quand il y a des flics qui m’observent. Un STOP, c’est un STOP ; la durée n’a aucune importance. C’est d’ailleurs un gendarme-motard qui me l’a appris.

Je suis emballé par cette moto ! Elle est splendide dans sa couleur verte anglaise ; elle est dépouillée, racée ; elle a une musique agréable. Elle a tout pour me plaire. Les valises rigides ne l’embellissent pas, mais en attendant mieux, elles sont pratiques. J’ai monté une extension de garde-boue avant, indispensable sur nos routes crétoises et un Baas-buzzer, qui avertit piétons et automobilistes de mon approche. C’est tout.

Je n’oublie pas le projet d’échanger la couronne arrière par une 39, 40 ou 41, tel que le préconisent bon nombre d’entre vous, mais pour le moment, elle me va comme elle est. Son allonge en première me plait beaucoup. Une première courte ne sert qu’à démarrer, alors qu’une plus longue permet de faire plusieurs mètres avant de passer la deuxième. Ce n’est pas désagréable.

Par nostalgie, je crois que je vais lui offrir un pare-chute Fehling, qui est celui qui me déplait le moins. Les motos tombent toujours un jour ou l’autre, ne fût-ce que bêtement, à l’arrêt. J’ai compté : en plus de 50 ans, 2 chutes en roulant, dont une avec ma première Calif et une avec une Husqvarna 350T dans un rond-point à Hyères (tarmac fondu) ; deux à l’arrêt avec la Calif II, ma femme et moi assis dessus, ce qui nous a permis de la déposer plutôt que de tomber. Je trouve le bilan très positif.

Merci, Maloya, mais j’ai déjà contacté il y a un mois, Ol’Timer, un sellier français pour des sacoches en cuir deux tons bruns sur mesure.

J’ai aussi contacté un spécialiste en peinture moto à Athènes, pour faire peindre mes valises Hepco & Becker (avec sigle Triumph !) et les caches latéraux en vert anglais (Competition White) et blanc (Fusion White). Il me demande 180€ pour ce travail. Ridicule comparé à ce que j’ai payé pour peindre le réservoir, les caches latéraux et valises Guzzi en blanc nacré. Je dois encore en étudier l’aspect et là, je bute, car je ne suis pas artistique pour un sou.  

Je m'incline! J'efface mon "NON!" Il semblerait que les forces de l'ordre françaises soient plus sévères, c'est-à-dire moins tolérants que les belges.

Dans le compte-rendu de ma première sortie, j’ai écrit que c’était la première fois que je loupais un tournant à moto. C’est faux. Ce n’était pas un mensonge, mais une omission. C’était la deuxième fois. Je m’en suis souvenu en regardant hier les photos de nos balades à moto.

Nous étions un groupe de neuf, trois couples et trois isolés, qui s’entendaient comme larrons en foire. Il y avait une K100, une K75, une Harley Low Rider, une Honda CB750 et cinq Guzzis : une V50, deux Florida, une 850 T3 Calif et une Calif II.  Nous partions pour de longs weekends et plusieurs fois par an pour une bonne semaine à l’étranger. Chacun à son tour organisait le voyage : itinéraire, hébergement et établissait un roadbook détaillé. Cette préparation était très amusante, comme l’étaient les différences dans le choix des logements. L’un était d’origine hollandaise et il ne faillit pas à sa réputation d’avarice. Avec lui, c’était le plat pays, le veau panné et les petits pois dans une auberge de jeunesse où la peinture s’écaillait des murs et où la baignoire était inutilisable. L’autre était un éthéré : abbaye, pain noir, fromage, pichet de vin et chambre individuelle au plafond à 5m pouvant accueillir un bataillon de miliciens. Avec un troisième, c’était le gîte et le couvert avec d’interminables soirées avec les hôtes qui ne comprenaient pas quel plaisir nous pouvions avoir à risquer notre vie. Heureusement il y avait les six autres, avec lesquels c’était la vie de château, le Michelin étoilé ou le Logis de France ou d’ailleurs.

C’est lors d’une sortie dans les Vosges, lors d’une halte juste en dehors d’une petite agglomération, que le propriétaire de la K75 me dit : « Mon dieu, gaeter, je suis vanné et toi tu as l’air en forme après cette heure de route ballonnante. Je peux essayer ta moto ? » Il enfourche ma Calif, moi, sa K75 et nous voilà parti pour un petit tour. Il part devant. À 50m de notre point de départ, il y avait un tournant à gauche ; la K75 a refusé de tourner et j’ai atterri sur le trottoir. Heureusement qu’il y avait à cet endroit une allée, une entrée de maison et que les trottoirs y étaient en pente douce, ce qui nous a sauvé, la moto et moi. S’il n’y avait pas eu de pente, j’aurais tapé dans la bordure, plié la moto et fait un volplané contre le muret. J’ai rattrapé mon ami plus loin ; il ne s’est douté de rien. Ouf ! Lui a pesté contre la lenteur du levier de vitesse, pointe-talon et du freinage intégral au pied et moi, j’ai détesté sa moto qui ne faisait aucun bruit, qui ne voulait pas tourner et sur laquelle j’étais en appui sur les poignets. Bref, chacun de nous a été très heureux de reprendre sa meilleure.

Certains ont la scoumoune ; pendant ces nombreuses années de sorties nous y avons échappé. Une panne électrique (850 T3) et une d’allumage (Calif II) rapidement réparées sur le bord de la route ; une petite glissade sans gravité (la Harley !) et un pneu avant déchiré (la Honda sur une boîte de Coca !), qui a nécessité qu’on vienne la chercher avec la remorque.

Une dernière chose avant de terminer. Lorsque je rentrais en BM, je devais claxonner pour que ma femme sorte pour m’ouvrir la barrière. Maintenant, quand j’arrive, la barrière est ouverte et elle m’attend. Elle me dit qu’elle m’entend arriver de très loin. La première fois, elle a cru que c’était un tracteur qui s’approchait, pour se rendre compte ensuite que c’était moi. Moi, avec mon casque, j’entends qu’elle a un beau bruit, mais elle me dit que c’est un bruit magnifique, comme la Calif : pom-pom-pom. Conclusion : j’ai échangé ma locomotive Guzzi contre un tracteur Triumph, quoique, déjà à l’époque, mon cousin Guy prétendait que la 850T3 était un tracteur. Le même jour qu’il me le dit, en partant pour une concentre avec lui sur sa Honda 750 Four, j’ai glissé dans un chemin de terre boueux et je me suis retrouvé dans le champ, enlisé jusqu’au cadre. Il nous a fallu ½ h à trois pour l’en sortir. Guy se fichait de ma tête et se marrait bien. Moi, j’étais plutôt marri.

Comme je suis un Saint et qu’un de mes prénoms aurait pu être Thomas, j’ai été rechercher dans la législation française ce qu’il en est précisément du marquage du stop.
Il en résulte que cette législation aurait pu être belge, comprenez, tiré par les cheveux, sujette à critique si pas à se plier en quatre de rire.

Dans la législation, il y est dit en résumé : « … A certaines intersections indiquées par une signalisation dite stop, tout conducteur doit marquer un temps d'arrêt à la limite de la chaussée abordée. Il doit ensuite céder le passage aux véhicules circulant sur l'autre ou les autres routes et ne s'y engager qu'après s'être assuré qu'il peut le faire sans danger… »

Le temps d’arrêt n’est nullement précisé, ni le fait qu’il faille mettre pied à terre.

Or ! Au-delà de la législation, la réglementation appliquée par les forces de l’ordre françaises est très stricte et exige que le motocycliste mette les deux pieds à terre ! Dans le cas d’une voie libre, le fait d’arriver, de s’arrêter, de poser les pieds par terre, de redémarrer, ceci prendra environ 3sec., d’où la fausse règle des 3 secondes.

Les deux pieds par terre, les gars ! Les deux !

Références trouvées sur d'autres forums où des motocyclistes se sont vu verbalisés pour ne pas avoir posé les deux pieds à terre.
La connaissance de Gilles a été verbalisé pour ne pas avoir posé un pied à terre. Il a donc reçu une demi amende, puisqu'il lui restait encore un deuxième pied.

C'est LA grosse connerie!
Comme dirait l'Anglais: "Incredible but true and flop in the hole again"